Malgré leur taille et leur poids, ils passent avec une apparente désinvolture et une assurance calculée de branche en branche. Souvent, ils progressent avec un équilibre de funambule, debout sur leurs pattes arrière. Depuis que les primatologues les observent, on s'aperçoit que cette attitude leur est habituelle.
À leur contact, on a ainsi appris que la bipédie n'était pas le propre de l'homme, ce qui embarrasse bien les préhistoriens. Son pelage acajou et sa face glabre, son regard qui nous bouleverse : l'orang-outan est un miroir de notre humanité. Il a tant à nous apprendre sur nous-mêmes. Le drame est que nous n'allons peut-être pas lui en laisser le temps. Braconné pour sa viande, chassé de son habitat naturel par des exploitants forestiers sans scrupules, ses jours semblent comptés.
Si le peuple indonésien a su admirablement gérer son patrimoine rural, culturel et artistique, il a, hélas, largement ruiné, pour quelques avantages économiques à court terme, le patrimoine précieux et fragile de ses forêts pluviales. À observer les « hommes des forêts », à assister rageurs à la lente agonie de nos cousins, à espérer la réussite des fragiles efforts de leurs défenseurs, nous n'avons pas fini de nous questionner sur notre propre espèce.
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